La crise du COVID nous a amenés à repenser notre rapport à notre alimentation. Elle a notamment mis en avant la nécessité d’adopter un système de production alimentaire durable, permettant à tout le monde de se nourrir sainement tout en préservant les équilibres écosystémiques et le revenu des agriculteurs et agricultrices. Les multiples crises sanitaires, sociales et économiques révèlent les vulnérabilités de notre agriculture : elle est trop dépendante du commerce international et des fluctuations des marchés, et elle n’est ni suffisamment durable ni suffisamment locale.

La bonne nouvelle, c’est que ce système agricole et alimentaire, nous pouvons contribuer à le changer ensemble. En effet, les négociations pour la prochaine PAC sont en cours, et elles sont cruciales : la PAC, avec 58 milliards d’euros par an soit plus d’un tiers du budget européen, déterminera le modèle agricole européen pour les sept prochaines années. Jusqu’à présent, elle a favorisé l’agrandissement des exploitations agricoles et la concentration des animaux dans des élevages de moins en moins nombreux, au détriment du nombre de paysan·nes. Aujourd’hui, l’agriculture européenne est dominée par un élevage qui s’industrialise de plus en plus, monopolise les deux tiers des terres arables européennes, accapare la majorité des fonds de la PAC et produit autant d’émissions de gaz à effet de serre que toutes les voitures et les camionnettes de l’Union européenne. L’industrialisation de l’élevage est aussi liée à de nombreux autres enjeux comme la perte de biodiversité, la propagation de maladies infectieuses émergentes et la perte de revenus pour les paysan·nes. La réforme de la prochaine PAC, c’est le moment pour mettre fin à cette logique et permettre le maintien d’une agriculture écologique et familiale.

La semaine prochaine, l'ensemble des eurodéputé·es vont se réunir et voter pour la première fois sur la future PAC. Quel type d’agriculture va être soutenu par la PAC, c’est-à-dire par plus d’un tiers du budget européen ? Des garde-fous seront-ils introduits pour empêcher les fermes-usines et l’agriculture industrielle de bénéficier de subventions de la PAC ? La part du budget dédiée au soutien et à la transition vers une agriculture écologique sera-t-elle suffisante ? Ce premier vote en plénière va être déterminant.

Bien que le vote ait lieu très bientôt, les eurodéputé·es conservent la possibilité de soutenir certains amendements jusqu’à la dernière minute. Certains groupes politiques occupent une place essentielle pour faire pencher ou non la balance du côté de l’agriculture écologique. C’est le cas du groupe S&D (qui correspond à l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates) ainsi que du groupe Renew Europe. Les eurodéputé·es issu·es de ces deux groupes politiques vont jouer un rôle décisif pour l’avenir de la PAC et donc de notre agriculture européenne.

Et c’est là que vous pouvez agir : manifestez votre soutien à un autre modèle agricole européen en interpellant directement les représentant·es français·es de ces deux groupes politiques. Pour ce faire, envoyez-leur un email avant le lundi 19 octobre, que vous pouvez personnaliser ainsi :

Vous pouvez préciser par exemple que vous êtes un·e citoyen·ne concerné·e par l’avenir de l’agriculture.

Vous pouvez aussi écrire pourquoi l’avenir de l’agriculture vous importe.

Vous pouvez aussi demander à ces eurodéputé·es de soutenir des amendements qui permettent de s’engager contre l’élevage industriel et pour une agriculture écologique et familiale.

J’envoie un email à mes représentant·es au Parlement européen : https://www.europarl.europa.eu/meps/fr/search/advanced?name=&countryCode=FR

Exemple de texte (que vous pourrez modifier à votre guise) :

Objet : Pour une nouvelle PAC respectueuse de la biodiversité, des producteurs et des consommateurs.

Chères députées et députés du Parlement Européen,

Vous serez amenés la semaine prochaine à vous réunir et à vous prononcer sur la prochaine PAC. Je suis un citoyen/une citoyenne très préoccupé(e) par la biodiversité et par la préservation des territoires ainsi que des espèces animales et végétales qui s'y développent. Nous ne pouvons plus nous permettre de pérenniser le système agricole actuel qui prône la course à la rentabilité et à la consommation de produits bas de gamme et néfastes, au détriment de la nature, du bien-être animal et de la santé des producteurs et des consommateurs. C'est pourquoi, je vous demande de soutenir des amendements qui favoriseront des pratiques agricoles respectueuses des milieux naturels et de la biodiversité comme l'agriculture biologique, la permaculture et l'agroécologie pour mettre fin aux pesticides chimiques, aux OGM ou autres techniques néfastes. Par conséquent, les producteurs devront être formés et accompagnés dans leur transition. Je vous demande également de soutenir des amendements qui prôneront la fin de l'élevage industriel, des fermes-usines et également des amendements qui permettront la fin de la déforestation importée (soja OGM brésilien, huile de palme, papier, bois, produits carnés, produits exotiques) pour que la France ne soit plus complice de la déforestation en Amazonie. Tous ces progrès rejoindront une ligne directrice semblable : une agriculture locale et résiliente dénuée de produits phytosanitaires et composée de diverses variétés de cultures de plantes et des cultures de protéines végétales, afin d'atteindre une souveraineté alimentaire. Merci de votre attention, et en espérant que vous écouterez les attentes des citoyennes et citoyens européens. Cordialement.

Le compte à rebours est lancé, nous n’avons plus une minute à perdre. Ne laissons pas passer cette chance unique de changer enfin de modèle agricole !