A la base c'est une réponse au podcast de Floraison "je choisis ma consommation" qui fustigeait l'acte de consommation dans le combat contre le capitalisme, proposant un "nous réorganisons la production". J'ai tenté dans ce billet de replacer cet acte au sein d'un système opératif qui doit s'opposer au système capitalisme sur différents fronts : matériel, culturel, institutionnel... Car nous parlons bien de détruire un système.

 

Je partirais ici d'un standard non-violent car c'est selon moins une stratégie plus inclusive et statistiquement la plus efficace.

 

Un NOUS inclusif

contre un système : l'Art opératif

L'art opératif est peut être résumer en une sublimation des moyens tactiques pour des objectifs stratégiques. Il s'agit d'une traduction de la stratégie dans un séquencage de l'avantage tactique sur le terrain. Cela donne une profondeur au actions tactiques dans l'environnement dans lequel elles ont lieu. De là sont d'ailleurs né les opérations en profondeurs de l'armée rouge (bagration 1944). Ces opérations viennent d'un postulat que nous partageons avec les militaires du XXe siècle : comment tirer profit de la masse? Nous avons l'avantage du nombre et savons organiser des mouvement de foule de plusieurs centaines de milliers d'humains dans des votes, des mobilisations pacifiques et des boycotts. Il s'agit maintenant de les replacer dans un contexte politique où il reverseront un mode de société. Si l'art opératif nous intéresse autant, c'est qu'il conçoit l'ennemi comme un système complexe qu'il s'agit de désarticuler. Par le choc sur ce système, nous l'empêcherons de se régénérer. Il s'agit d'identifier les clés de voute du système adverse pour lui faire perdre toute cohérence.

Cette alignement stratégiques d'actions tactiques simples rétablie le modèle tactique dans les considérations stratégiques. Comme le matériaux pour l'artisan , le militant doit être vu de manière réaliste pour être utilisé au bon endroit. Oui la stratégie définit la tactique mais la tactique borne les possibilité stratégiques. Parce que votre stratégie violente vous ne dépasserez pas les 50 000 hommes avec ça. Bonjour l'inclusivité du pelo de base qui ne sait que consommer et faire des manifs. l'art opératif vise la profondeur en visant tout les compartiment de l'organisation adverse : organisation politique, logistique, morale. D'ailleurs l'image du tonneau de Full spectrum resistance montre bien à quel point les domaines sont interdépendants. L'avantage sur l'un impact les autres et engrène l'avancée stratégique.

Donc oui pour le NOUS, mais NOUS TOUS à tous les niveaux.

 

Nous Tous, nous réorganisons

L'art opératif demande qu'une organisation s'oppose à l'adversaire. Pour justement organiser des actions de choc en profondeur et profiter d'un premier avantage dans son fonctionnement intrinsèque. Car le militaire et le militant ne sont pas imperméables au politique qui les guident. Le mode de fonctionnement donne déjà un avantage. A nous d'identifier l'avantage face à un système capitaliste au bord du gouffre. Franchement c'est pas dur surtout avec une pandémie. Voilà comment la consommation par de nouvelles organisation peut apporter une force décisive à notre nouveau monde. Mais vraiment par de nouvelles organisations qui exploitent les points faibles de l'adversaire et non simplement par la "concurrence libre et non faussée" ce qui reviendrait à une simple bataille d'attrition. Ex : Amazon. Vouloir proposer des livraisons plus rapides et un service moins cher est peine perdu. Par contre, profiter des failles de la logistique, puis proposer des livraisons plus écologiques mise en lumière par les campagnes militantes, au contact de commerçant spécialisés qui apporte une plus-value dans le savoir faire. Avec un supplément action militante type boycott, paralyse en partie l'organisation adverse et notre alternative révèle son avantage.

 

Pour organiser les opérations il faut donc des organisations mais aussi des masses et ça...

 

Choisissons de nouvelles institutions

le conformisme

Les expériences cités par votre podcast font froid dans le dos. Non nous ne sommes pas libre. Comment alors basé une démocratie, une société sur cela. en prenant conscience des institutions qui nous dirigent. Pour commencer, admettre ces résultats nous invitent à nous interroger sur les institutions. Et in fine à en créer de nouvelles. Je CHOISIS ma consommation implique le supermarché où je fait mon choix : l'institution marché. Une nouvelle consommation implique de nouvelles structure à construire pour soutenir cette consommation. Une limite à la consommation saine : la connaissance nécessaire pour ne pas tomber dans le piège "bio gluten free++" que l'industrie n'hésitera pas à nous tendre. Une première institution qui partage un vrai savoir vivre sur la consommation c'est un bon début. Et là le monde militant peut porter des voix scientifiques et apporter des connaissance crédible pour avoir un vrai avantage. D'organisations de production nous passons au contre système qui à la force de guider les masses. Parce que votre postulat n'est pas super inclusif : si peu de gens peuvent se rebeller, alors il faut que cette minorité de héros soit la structure qui prend le pouvoir. Ça sent un peu la dictature. Alors que de faire germer de nouvelles institutions crescendo, d'abord une organisation de production, puis une filière avec ses propres convention puis apporter ses propres outils institutionnels. C'est déjà la cas de certaines villes qui ont une monnaie locale. On tire profit du libéralisme (dans la mesure du possible) pour développer nos instituions alternatives

Cela offre un nouvel avantage : l'essai. Les théories peuvent être mis à l'épreuve des faits. Cela permet de réorienter les modèles de société avec les bonnes hypothèses. Pas besoin de développer plus. Attention quand même au retex : séparer dans les résultats ce qui découle des conditions de facteurs extérieurs ou intrinsèque à notre modèle. On l'a vu à notre dame des landes, les expérience alternatives ne sont pas tolérer très longtemps. Mais l'exemple de la monnaie ou des écoles à éducation alternative montre que les tests ont une vrai valeur.

Surtout, des institutions qui s'imposent crescendo loin d'une révolution décisive accompagne un nouvel homme nouveau moins soumis au structures qui ont façonné sa vision du monde. Parce que là aussi vos méthodes sont très peu inclusives avec non pas nos ennemis mais avec ceux qui ne savent pas encore qu'il sont nos alliés.

 

la culture

Quelle culture alternative

Vous faites bien de parler d'une culture de résistance. En effet la culture est essentiel à l'avènement d'un nouveau monde et s'attaque au mental. La société industrielle a su célébrer une culture technologique individualiste avec des icônes. Quelle vision donne votre culture de résistance : le sabotage, les réseaux clandestins, l'armement. Quelle héritage allons nous tirer de cela? Une culture de violence auquel personne ne veut adhérer. Le Vietnam est souvent citer comme une victoire dans une guerre asymétrique. Cependant il faut se souvenir de l'offensive du Tet : une explosion de combat dans tout le pays et un appel au soulèvement populaire. Évidement le soulèvement populaire n'a pas eu lieu : quand les gens entendent des coups de feux il ne manifestent pas mais se cachent chez eux. Les communistes avaient développé une culture révolutionnaire avec un idéal du révolutionnaire. L'homme nouveau d'un monde nouveau ne sera pas un révolutionnaire. Impasse dans ce sens culturel

Hors le capitalisme offre une faille : il ne fournit pas de bon produit. Nombre de projet industriels prometteur ont été saboté par des logiques de rentabilité mercantile. Ce serait peut-être l'occasion de carjacké une culture industrielle célébrant le progrès et de la retourner contre le capital. Pourquoi se priver de cet avantage. Des fablabs ont par exemples prouvé qu'ils pouvaient être des lieu de vie d'une communauté. Le progrès commun amène avec lui de nouvelles images plus attrayantes.

 

Être cool

Je note un auteur que vous n'avez pas citez : Popovic. Dans son ouvrage "comment faire tomber un dictateur quand on est tout seul, tout petit et sans armes" il décrit la lutte de Optor, mouvement pour a démocratie en Yougoslavie sur le front de la popularité. Le but de ce mouvement était qu'il soit cool d'y adhérer, Des actions coup de poing avec des icônes rock fédératrices, l'humour, Un logo bien sentie sont les bases d'une adhésion facile. Je ne qualifierais pas cela de propagande mais juste d'une certaine forme de viabilité. Notre nouveau monde doit être viable matériellement mais aussi "stylistique-ment". Une valorisation de soit par la lutte est atteignable par un raisonnement moral, mais le héros est rare. Alors autant faire de notre lutte des moments de vie valorisant.

On prends ici un avantage mental essentiel sur le capitalisme. Encore une fois on rend notre lutte plus inclusive en appelant à des imaginaires diverse.

 

les actes

une inévitable consommation

La servitude mentale brisée, il reste la servitude physique. Et la consommation est inévitable. Puisque nous sommes obligé d'affronter le capitalisme sur ce terrain là, autant le vaincre avec de nouvelles techniques. Technique qui serons le reflet de nouveaux besoins (toujours pour éviter l'attrition). Techniques qui porterons avec elle de nouvelles images culturelles correspondant à une nouvelle vision du monde. Il est inévitable de se poser le problème matériel : il est déjà inimaginable de nous voir renoncer à notre confort de manière héroïque pour faire baisser les émissions de CO2, alors nous voir tout abandonner pour vivre comme dans une ZAD? Non il nous faut décidément un soutiens techniques à ces nouvelles expériences.

La société de consommation agit comme quelque chose de salvateur dans un monde capitaliste ou les prolétaires sont soumis. Reprendre tant qu'on peut cette marge de manœuvre est difficile à atteindre pour les gens les plus soumis dans leur travail et pour qui la consommation est le seul exutoire. Déjà se débarrasser de cet exutoire grâce à une vrai culture de résistance et de ré-appropriation nous coupera de cet opium des peuples consumériste. La lutte des afro américains contre la junk food en est un exemple. Après dire à quelqu'un de consommer bio quand il a du mal à boucler ses fin de mois. Oui un moment arrive la concurrence directe du prix et c'est difficile de lutter contre.

C'est aussi le BtoB qu'il faut impacter. Toute les entreprises consomment. Nos institutions de lutte doivent s'imprégner dans leur institutions à eux. dans les cantines, dans les choix d'outil de production... On retombe sur la profondeur de champ recherché dans l'art opératif : s'en prendre à la cohérence du système : à ses piliers. Les CSE et les Syndicats sont de formidables outils pour cela. Plus impliqués dans leurs travail, les employés se sentent plus heureux et sont plus efficaces.

 

le combat quotidien

Voici pour moi la plus grande raison pour laquelle la consommation n'est clairement pas à négliger. Elle est très accessible. Cela va permettre de porter un combat partout et surtout constant. L'une des qualité primordiale du génie guerrier est la constance dans ses convictions. Ici, par une construction constante d'alternatives physiques, on prouve la viabilité d'une solution et surtout, on créer une dynamique qui appelle à renforcer ces alternatives et à en développer de nouvelles. Chaque jour c'est une petite victoire qui sera amassée. Ainsi, on ne perds jamais l'initiative.

 

L'horreur du vide

"A Stalingrad, chaque soldat allemand devait se sentir viser par une arme soviétique" disait le Général Tchouikov. Ici c'est pareil. l'institution crée devra offrir une main tendu, une possibilité de s'affirmer à "ceux qui ne savent pas encore qu'il sont nos alliés". L'institution portera en elle un avantage : sa viabilité CONSTANTE. Je vous rappelle que je part ici d'un principe simple : il faut dans un raisonnement logique moins d'un quart d'heure pour expliquer l'erreur de conception que comporte le capitalisme qui le pousse à toujours accaparer plus et donc ce qui le rend non viable. Donc des gens pour qui il devient cool d'être anti-conformiste et à qui le choix est proposé de nouveaux mode de vie, ils rejoindront facilement le rang des progressiste car la profondeur de champ de nos actions leur offrira une place dans le nouveau monde. Surement moins confortable. mais assurément plus en phase avec des convictions naissantes. Face à un système tellement aveugle qu'il vire à l'absurde, Il en faut beaucoup pour faire de quelqu'un un héros, peu pour en faire un transfuge. Voilà pourquoi il faut réduire le point de bascule au maximum Plus on se bat, plus on est crédible, plus de gens joignent le combat.

 

En conclusion, Nous organisons un autre rapport à notre consommation grâce à une culture de résistance et de nouvelles institutions. Bien sur ce chemin a ses limites et il sera difficile d'échapper à la concurrence directe d'adversaires bien moins vertueux. Mis il représente un excellent soutiens à de modes alternatifs de satisfaction de nos besoins. Donc consommer mieux ne suffira pas à renverser le capitalisme. Mais c'est un passage primordiale pour transcender la lutte politique

Un chien de garde a dit " Les manifestations lorsqu'elles ne dégénèrent pas n'ont pas tellement d'influence sur les gouvernements ". c'est terriblement vrai et vous êtes aussi d'accord que moi. L'art opératif a un terme pour cela : l'Udar, le choc. Il ne fait que mettre en perspective ce débordement tactique par rapport à une vision stratégique. Dégénérer c'est perdre ses caractéristiques naturelle. Reste à voir dans quelle perspective générative nous nous cultivons.

 

Pièces jointes